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Episode 4 : Deepfakes, quand l'IA interroge l'Histoire

  • Droit / informatique / Sciences de l'information et de la communication / Sciences sociales
  • 2025
  • 27 min 56 s
  • Français

Publié le 05/05/2025

Pour ce quatrième épisode de la série "Les voies de l'IA", c'est la recherche en Histoire qui est mis à l'étude sous l'angle de l'IA. Ainsi, Pauline Pennanec'h (Journaliste à Franceinfo) avec Célia Zolynski, Camille Salinesi et Stéphane Lamassé, codirecteurs de l'Observatoire de l'Intelligence artificielle de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et respectivement enseignants-chercheurs en droit et en informatique et maître de conférences en Histoire médiévale, évoquent l'intelligence artificielle comme un moteur de progrès mais aussi comme sources de dérives dans la recherche scientifique. En effet, l'IA révolutionne l'histoire et l'archéologie par l'analyse et la reconstitution, mais pose des défis avec les deepfakes et la manipulation du réel. 

A l'issue de cet épisode, Ada Ackerman, chargée de recherches au CNRS et Raphaël Doan, auteur du livre "Si Rome n'avait pas chuté" aux éditions Passés Composés, invités du jour, viennent colorer cette thématique par leurs travaux et différentes expériences.


L'intelligence artificielle révolutionne la recherche par ses capacités d'analyse, de modélisation et de reconstitution, mais soulève des questions sur la confiance dans les résultats et la distinction entre réel et manipulation. Les deepfakes contaminent le monde scientifique, tandis que l'IA offre des reconstitutions spectaculaires en archéologie et permet d'envisager une nouvelle manière de faire de la recherche en histoire : l'histoire contrefactuelle.

Du côté des inquiétudes, les deepfakes se manifestent par de faux articles scientifiques contenant du texte, de fausses données, images ou vidéos générés par l'IA. Cela pose des problèmes importants pour les éditeurs scientifiques, qui doivent filtrer ces contenus, et pour les institutions de recherche, qui doivent prendre des mesures. Cependant, les IA génératives sont également utilisées positivement en science, notamment en science des données, pour produire des données synthétiques lorsque les sources sont inaccessibles, incomplètes, biaisées ou soulèvent des problèmes de confidentialité. Elles servent aussi à la reconstitution de documents, textes, sons ou artefacts.
 

  • Un outil central pour les historiens

L'intelligence artificielle s'impose progressivement comme un outil central pour les historiens, transformant leur rapport aux sources. Par exemple, grâce à l'IA, les rouleaux carbonisés d'Herculanum, illisibles depuis leur découverte en 1752, peuvent désormais être identifiés et lus sans être déroulés. De plus, l'IA permet la transcription automatique de milliers de pages de manuscrits et aide au déchiffrement de langues anciennes fragmentaires comme les langues mésopotamiennes, en suggérant des mots ou phrases manquants. Cependant, l'IA n'est pas destinée à remplacer le travail de l'historien. Elle sert plutôt à augmenter les capacités de traitement des données et des sources. L'utilisation des IAG pour produire des documents artificiels fait partie de l'arsenal du chercheur moderne.

L'épisode explore la fine ligne entre la reconstitution scientifique et la création de fausses réalités historiques. Vous entendrez l'expérience fascinante de Raphaël Doan, essayiste, auteur du livre Si Rome n’avait pas chuté (aux éditions Passés Composés), qui a utilisé l'IA comme assistant créatif pour écrire un livre d'histoire contrefactuelle, en explorant des scénarios alternatifs.

Enfin, l’épisode revient, avec Ada Ackerman, chargée de recherches au CNRS et commissaire associée de l’exposition “Le Monde selon l’IA” au Jeu de Paume à Paris, sur la reconstitution sonore de l'appel du 18 juin 1940. Bien que présentée comme une reconstitution fidèle d'un texte bien ancré dans la conscience collective, cette reconstitution reste une fiction car l'enregistrement original n'existe pas. Cela pose alors la question de l'accueil de ce type de production et de la nécessité de reconstituer ainsi les lacunes archivistiques. 
 

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"Les voies de l'IA", un podcast de l'Observatoire de l'IA de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Sorbonne TV en partenariat avec Franceinfo. Une production du studio Radio France et de Sorbonne TV, soutenue financièrement par l’Agence Nationale de la Recherche (France 2030) dans le cadre des projets Sorb’Rising (ANR-21-EXES-0015) et Una Europa. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfol'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcastsPodcast AddictSpotify, ou Deezer.

Production : Pauline Pennanec'h, Célia Zolynski, Camille Salinesi, StéphaneLamassé, Margaux Debosque Trubert, Lydie Rollin-Jenouvrier
Technique : Stéphane Thouvenin | Réalisation : Marie Plaçais | Mixage : Lucas Derode

Mots-clés
  • histoire recherche deepfake ia archeologie

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