Conférence - Le paysage, prochain enjeu de la viticulture

Myriam Laidet, urbaniste du patrimoine mondial et doctorante à l’ENSP Versailles explique que le paysage viticole ne se réduit pas au terroir. C’est un savoir-faire historique ancré dans l’intervention humaine, qui mêle architecture, culture et nature. Le vignoble de Savennières, près d’Angers, dont l’histoire remonte au XVIe siècle, est par exemple, façonné par les investissements de l’élite urbaine.

De plus, la frise chronologique du paysage viticole en France montre des évolutions majeures :
•    Antiquité : apparition des premiers paysages viticoles
•    Moyen Âge : essor avec les grandes abbayes
•    XIXe siècle : crise du phylloxéra, replantation massive
•    XXIe siècle : remise en cause du modèle intensif

Avec le changement climatique, la vigne doit migrer vers des régions plus humides et plus tempérées : Bretagne, Belgique, Pays-Bas. La viticulture française fait ainsi, face à des défis majeurs qui redéfinissent son avenir. La baisse de la consommation de vin, conjuguée à une pression accrue sur les appellations traditionnelles, oblige les producteurs à innover et à se différencier.

La multiplication des labels, bien qu’initialement conçue pour valoriser des pratiques durables, présente un risque de greenwashing qui menace la crédibilité de l’ensemble de la filière. Dans ce contexte, une transition vers l’agroécologie viticole apparaît comme une nécessité pour répondre aux enjeux environnementaux et aux attentes des consommateurs, tout en préservant la qualité et la diversité des vins français.

Myriam Laidet appelle à penser un projet de paysage pour le vignoble de demain : retour à la polyculture, intégration de l’élevage et de l’arboriculture et renouvellement du rôle du « vigneron paysagiste ».