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3.3. Qui gouverne la prison ?

  • Des prisons en Afrique : expériences, modèles et circulations
  • 2024
  • 09 min 30 s
  • Français

Publié le 31/10/2018

Marie Morelle et Frédéric Le Marcis discutent de la gouvernance des prisons, en particulier dans le contexte africain. Cette séquence invite à déconstruire l'apparent désordre en prison. Dans les faits, il existe des logiques de placement. On assiste à une coproduction de l'espace de la part des détenus et des gardiens suivant un registre normatif informel. Les détenus sont d'abord triés par âge, sexe, et motif d'incarcération, mais aussi selon leur capacité à négocier ou à payer pour un meilleur quartier. La vie en prison est marquée par des inégalités et des hiérarchies. 

Des normes vont structurer le quotidien de la prison. Elles vont permettre de connaître les détenus, d'organiser la détention, de surveiller, de pacifier. Si l’on adhère à ces normes, on peut espérer avoir certains privilèges plutôt que de chercher à se révolter, quelles que soient les contraintes, la pénurie, la promiscuité. Les hiérarchies se manifestent aussi par la délégation de l'autorité à certains détenus, appelés "généraux" ou "capitas", qui gèrent des aspects de la vie carcérale comme la répartition des lits et le nettoyage des cellules. Ces détenus sont souvent ceux qui entretiennent de bonnes relations avec la direction de la prison ou qui sont membres du parti au pouvoir. Il ne faut pas ignorer la violence, mais il faut également prendre en compte ces logiques formelles et informelles. Ignorer ces normes conduirait dans l'impasse tout projet sur la prison.

Contribution
Frédéric Le Marcis
Marie Morelle

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