3.4. Qui incarcère-t-on ?

Cette séquence propose de réfléchir aux fonctions de la prison. Cette dernière sert à matérialiser le pouvoir en incarcérant des individus et en organisant leur vie quotidienne, tout en les séparant de leur environnement et de leur famille. La prison ne se contente pas de punir des délits, elle produit des catégories de délinquants, marquant les individus plutôt que de les réinsérer dans la société. Après leur libération, ils sont souvent évités par ceux qu'ils ont connus en prison, illustrant comment la prison désinsère plutôt qu'elle ne réinsère. La prison est une institution parmi d'autres utilisées pour gérer les populations, comme la police ou la justice. L'application des peines peut être inégale et parfois, certaines pratiques sont tolérées ou réprimées selon les besoins de maintenir l'ordre. Par ailleurs, les détenus sont organisés au sein même de la prison selon des hiérarchies similaires à celles des quartiers d'où ils viennent.

Au fil des siècles, au gré des pays ou de prison en prison, on entend maintes critiques sur l’échec de la prison à réduire la criminalité ou à réhabiliter les détenus. Toutefois, suivant Michel Foucault, l'échec de la prison est consubstantiel au projet de la prison. Il est nécessaire de réfléchir aux logiques et aux fonctions sociales et politiques de la prison dans une société donnée, en lien avec le travail d'autres institutions (santé publique, police, justice). Qui sont les indésirables que l’on va mettre en détention préventive et que l’on va finalement incarcérer ? Comment définit-on dans une société donnée ce qu'est un délinquant ? Pourquoi décide-t-on de condamner une personne au nom de tel délit ?