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3.5. La prison, une institution totale ?

  • Des prisons en Afrique : expériences, modèles et circulations
  • 2024
  • 16 min 35 s
  • Français

Publié le 31/10/2018

Cette séquence revient sur la pensée de Erving Goffman pour discuter des réalités carcérales africaines. Dans son ouvrage "Asiles", il propose de comprendre les espaces confinés en se concentrant sur les interactions entre les acteurs. La prison, selon Goffman, est une institution totale car elle réglemente strictement les interactions, impose des règles codifiées et observe des formes d'adaptation et de résistance. Le choc carcéral est une expérience initiale intense pour les nouveaux détenus, marquée par des pratiques de fouille et des rituels de séparation qui symbolisent l'entrée dans un nouveau monde. Ce processus est souvent accompagné de violence et de mise à nu.

Les frontières de la prison, bien que physiques, sont traversées par des flux de biens, d'idées et de personnes, illustrant un lien constant entre l'intérieur et l'extérieur. Les interactions au sein de la prison révèlent une structure hiérarchique complexe où les détenus et les gardiens coproduisent l'ordre carcéral. Ce gouvernement informel gère les affaires internes de la prison et participe à la régulation des détenus. Les détenus doivent jongler entre diverses autorités, y compris l'administration pénitentiaire et les hiérarchies internes des détenus. Les frontières de la prison sont poreuses, permettant des échanges matériels et symboliques avec l'extérieur. La prison, tout en étant un espace clos, reste connectée à la société extérieure par l'intermédiaire de visiteurs, de gardiens, de professionnels de la santé et d'autres acteurs institutionnels.

La dimension totale de l'institution, telle que le sociologue l’a théorisée, est un modèle. Ce n'est pas une réalité intangible qu'il faudrait chercher systématiquement, sur le terrain. Il s’agit surtout de réfléchir à la capacité qu'a l'institution carcérale d'obtenir un résultat dans ses objectifs et dans ses missions, alors qu'elle est prise entre des règlements officiels et des pratiques quotidiennes et informelles.

Contribution
Marie Morelle
Frédéric Le Marcis

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